Colloque International Interdisciplinaire

Centre de Recherches pour les Arts et le Langage

(CNRS-EHESS)

L’objet littérature aujourd’hui

Enjeux communautaires et épistémologiques des études littéraires contemporains

Organisé par Annick Louis

24, 25 Mars 2011

Présentation du colloque

L’objectif de ce colloque est de revenir sur les principes, les présupposés, les méthodologies et les théories qui déterminent aujourd’hui les pratiques des chercheurs, des enseignants, des éditeurs et des traducteurs relevant de la discipline littéraire.

Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, l’épistémologie et la philosophie des sciences connurent un essor qui marqua aussi les sciences humaines et sociales ; un certain nombre de disciplines – la philosophie, l’anthropologie, la sociologie – développèrent alors une réflexion systématique sur des enjeux épistémologiques spécifiques, y compris en interrogeant la notion de discipline. En revanche, les théoriciens de la littérature se concentrèrent essentiellement sur les enjeux internes à leur champs d’études. Or, depuis au moins une décennie, l’évolution de l’objet littérature, les transformations radicales de son statut dans la société, l’éclatement et la multiplication des approches critiques ont mis à l’épreuve la logique de la discipline, allant jusqu’à mettre en question les principes sur lesquels elle repose et ses réalisations institutionnelles.

Certes, il est impossible de savoir quel avenir est réservé aux études littéraires, si elles conserveront leur organisation disciplinaire, préservant leur unité et leur autonomie. Nous partons du principe qu’en envisageant certains des enjeux essentiels de la discipline à partir d’une perspective épistémologique, il est possible de mieux appréhender son présent et de penser son implantation, présente et future, dans la constellation disciplinaire.

Le colloque tentera de proposer une réflexion systématique des questions qui organisent aujourd’hui les liens entre savoir et discipline littéraire, en partant de l’idée qu’une discipline est, selon Jean Bazin, « un mode de gestion institutionnelle du savoir ».

  1. La question de l’objet, son statut ontologique et social, qui est au centre de la discipline littéraire. Sa constitution pose le problème du rapport à d’autres discours scientifiques, auxquels la réflexion littéraire a emprunté depuis toujours (de la biologie à la linguistique) tout en cherchant à développer une pensée et une méthodologie qui prennent en compte la spécificité des objets eux-mêmes. L’objectif de ce questionnement est aussi de développer la réflexion méthodologique sur la façon dont les objets d’étude se constituent et les enjeux dans lesquelles ils s’inscrivent, notamment au niveau des traditions critiques nationales. On entend également poser la question de l’appartenance de la discipline littéraire aux sciences humaines et sociales, et du type de discipline relevant des sciences sociales qu’incarne la littérature, en la dégageant de son caractère d’exception.
  2. La question de la démarcation. Alors que dans les sciences exactes et naturelles la question de la démarcation joue un rôle essentiel dans la définition des objets, dans les sciences humaines et sociales la question est, certes, de savoir ce qui constitue un objet d’étude, mais surtout de mener une réflexion systématique sur le rôle des « frontières » dans la mise en place institutionnelle des sciences humaines et sociales ainsi que dans leur quête d’autonomie. La discipline littéraire, quant à elle, s’est organisée selon une cartographie différente en fonction des traditions institutionnelles nationales. Les frontières tracées entre les domaines du littéraire se sont souvent constituées à partir d’enjeux rhétoriques, d’autres fois à partir de la confusion entre norme disciplinaire (régulative) et valeur constitutive de la connaissance.
  3. Contexte critique. Alors que la notion de « théorie littéraire » s’est affermie en sciences humaines, le lien qui unit les théories aux corpus sur lesquels elles reposent (explicite et/ou implicitement) n’a été que rarement étudié. Le but est ici d’examiner le type de rapport qui s’établit entre les théories, les corpus et les conditions de production afin de réfléchir à la portée des théories, ainsi qu’à leur nature en tant qu’outils permettant d’appréhender des objets d’origines culturelles différentes, ou relevant de moments historiques distincts.
  4. Critique et tradition nationale. La constitution et l’institutionnalisation des sciences humaines et sociales correspond à la période où les États-nation se mettent en place et affirment leur autorité. Ces disciplines, souvent perçues comme universelles, sont donc généralement liées à un moment historique précis, et au développement national des pays occidentaux. Il s’agit ici d’étudier le rapport entre les traditions sociales, historiques, et, en particulier, institutionnelles des nations et les traditions critiques qui s’y sont développées, en prenant en compte la circulation des œuvres et des théories, et leur resignification dans des contextes nationaux différents.
  5. Spécialisation/Interdisciplinarité. À ce stade du développement des études littéraires, l’enjeu de la mise en contexte de l’objet, tout comme la conception qui l’envisage comme une production culturelle et historique, posent le problème de la nécessité d’une approche interdisciplinaire. Or, il ne fait aucun doute que le degré de spécialisation atteint par la discipline semble souvent constituer un obstacle à cette interdisciplinarité, par rapport à laquelle semble, néanmoins, se jouer son avenir.

Ce colloque international aura lieu le 24 et 25 mars 2011. Il se propose de réunir des chercheurs en littérature du CRAL, ainsi que des collègues relevant d’autres spécialités mais qui sont confrontés au texte littéraires et au récit dans leur discipline.

Jeudi 24 mars 2010

9: 00 hs Réception des participants

Annick Louis

9: 30 hs – 10: 00 hs

Ouverture

Jean-Marie Schaeffer (EHESS-CNRS)

10 : 00 – 10 : 30 hs

Galen Strawson (Université de Reading, Université de New York): « We live beyond any tale that we happen to enact » (V. S. Pritchett)’

10: 30 – 11 hs

Sergio Chejfec (Ecrivain, Université de Columbia): « Formas del escritor ausente »

11 hs Pause Café

11 : 15 – 11 : 45 hs

Olivier Caïra (IUT Evry): « Théorie de la fiction et narratologie : l’hégémonie involontaire des études littéraires »

11 : 45 – 12 : 15 hs
Philippe Roussin (CNRS-CRAL) Titre à préciser

13 hs – 14 : 30 hs Déjeuner

14: 30 hs – 15: 00 hs

Catherine Coquio (Paris VIII): « La construction de l’objet ‘témoignage littéraire’ »

15: 00 hs – 15: 30 hs

Juan Pablo Dabove (Université de Boulder/Colorado): « Fiction and the Theater of the Law: Outlaws and Men of Letters in Latin America »

15 : 30 hs – 16: 00 hs Pause café

16: 00 hs – 16 : 30 hs

Anne-Elisabeth Halpern (Université de Reims): « Le livre : la littérature peut-elle être un objet dématérialisé ? »

16: 30 hs – 17 : 00 hs

Bernard Hoepffner (traducteur, essayiste, La Haye): « Bernard Hoepffner: La traduction : simili-littérature »

Vendredi 25 mars 2010:

9: 30 – 10: 00 hs

Tomas Kubicek (Académie des Sciences, République Tchèque): « Functional Semiotics of the Prague School »

10: 00 – 10: 45 hs
Christophe Singler (Université de Besançon)/Inés Sáenz (Institut Technologique de Monterrey/Mexique): « L’écriture après le tournant iconique. Lorenzo García Vega, César Aira et Mario Bellatín »

10: 45 – 11 : 00 hs Pause Café

11: 00 – 11: 30 hs

Magdalena Cámpora (Université Catholique de Buenos Aires, CONICET): « Tcharls Bovary, Persée, Gallica. Actualité de la littérature française en Argentine »

11 : 30 hs – 12 : 00 hs
Fabienne D’Amico (Reims/CRIMEL) Titre à confirmer

12: 30 hs – 14: 00 hs Déjeuner

14 hs – 14 : 30 hs

Lucie Campos (Université de Poitiers): « Nouveaux modes de régulation de la République mondiale des lettres ».

14 : 30 hs – 15 : 15 hs
Josefina Ludmer (Professeur, Université de Yale, Université de Buenos Aires): Titre à préciser

15 : 15  – 15: 30 hs Pause café

15 : 30  – 17: 30 hs Table ronde: Les sciences humaines et sociales face au littéraire. Animée par John Pier, avec la participation de Antoine Lilti (ENS), Sabina Loriga (EHESS), Elise Marrou (Paris X), Nathalie Richard (Paris I).

17 : 30  hs  : Clôture

Annick Louis (Reims/CRAL) « Pourquoi L’objet littérature aujourd’hui »

Maison Suger

16-18 rue Suger, Paris 75006

Entrée libre dans la mesure des places disponibles

Avec le concours de la MSH et de l’Institut Technologique de Monterrey/Mexique

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